27/07/2012

L'Express há 10 minitos



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Pour l'Etat français, les Jeux olympiques sont aussi politiques
JO - Le grand Charles et quelques valeureux sportifs. A partir de 1960, il va lancer un grand plan national d'éducation au sport et d'équipements.
AFP
C'est le plus grand événement sportif de la planète. Ce vendredi soir, lors de la cérémonie d'ouverture, des centaines de millions de téléspectateurs, le fleuron des sportifs de chaque pays et les principales personnalités politiques, seront réunis pour les Jeux olympiques de Londres. Une compétition sportive, surtout une occasion unique de montrer sa puissance au reste du monde. 
En France, l'exemple le plus frappant reste paradoxalement celui d'un cuisant échec. En 1960 , la France rentre bredouille de Rome, seulement cinq médailles et aucune en or. Une humiliation. D'autant que c'est l'armée qui s'était chargée de la formation des athlètes français, les accueillant dans un centre sportif militaire pour une longue préparation. Au lendemain de cette lourde défaite, le député Hervé Laudrin (UNR) déclare à l'Assemblée nationale: "Les Jeux Olympiques de Rome ont humilié notre jeunesse à la face du monde." 

L'humiliation de 1960, point de départ du sport français

Alors, l'Etat réagit et décide de s'impliquer davantage dans le domaine sportif. Le général De Gaulle entame un tournant et déclare: "Si la France brille à l'étranger par ses penseurs, ses savants, ses artistes, elle doit aussi rayonner par ses sportifs. Un pays doit être grand par la qualité de sa jeunesse et on ne saurait concevoir cette jeunesse sans un idéal sportif."  
Dès lors, l'Etat lance un grand mouvement pour démocratiser le sport. Maurice Herzog , secrétaire d'Etat aux sports de 1958 à 1965, quadrille le territoire d'équipements sportifs. L'éducation nationale prend en charge les plus jeunes et leur enfile des baskets. Des fonds considérables sont investis. Les MJC et les bases de loisirs en plein air poussent un peu partout. 
Quatre ans plus tard, en 1968, la France fait à peine mieux. 15 médailles mais une seule en or.   
C'est que le plan national n'a pas encore porté ses fruits. Les années 70 servent alors à renforcer le maillage. Au final, de 1961 à 1975, trois lois-programmes d'équipements sportifs et socio-éducatifs se succèdent. Les services de l'Etat estiment que 4000 gymnases, 1500 piscines et 8000 terrains de sports  ont été construits grâce à ces programmes publics.  
A cela s'ajoute la naissance de l'Insep , fusion, en 1975, de l'École normale supérieure d'éducation physique et sportive (ENSEP) et de l'Institut national des sports (INS). Sur plus de 30 hectares dans le bois de Vincennes s'étale un gigantesque centre sportif. Et tout cela avec les deniers de l'Etat. Encore aujourd'hui, l'Insep est le principal pilier du sport français. A chaque JO, environ la moitié des médailles est remportée par un sportif formé à l'Insep.  

Dans les années 80, la France trouve enfin sa place

Dernière étape de cette construction très politique du sport français, la décentralisation. Dans les années 80, communes, départements et régions gagnent en puissance. Les collectivités locales prennent le relais de l'Etat et subventionnent la construction d'équipements sportifs.  
Voilà la France durablement installée dans le Top 10 des nations. De 1988 à 2008, la France se classe au pire 10e (Pékin, 2008), au mieux 5e (Atlanta, 1996). 
De cet argent investi, les politiques espèrent des retombées sous forme de médailles, si bien qu'avant chaque olympiade, la tradition veut que les responsables du pays fixent un objectif de résultats. Cette année, François Hollande a placé la barre à "quarante-et-une médailles", dont "dix en or"Valérie Fourneyron, ministre des Sports, a, elle, choisi de ne pas fixer de manière "péremptoire" d'objectifs.  Reste qu'elle souhaite que la France remporte plus de médailles d'or qu'à Pékin (7). 
En temps de crise et de réduction des dépenses, les sportifs français seraient bien inspirés de remplir le contrat fixé par l'Etat. Quoiqu'un échec pourrait leur être salutaire: en 2010, un rapport de l'Assemblée nationale  pointait les graves manques d'équipements d'envergure en France et le retard pris par rapport aux autres puissances. Peut-être alors qu'un nouveau Rome 1960 pourrait lancer un second plan d'envergure.  

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